mardi 13 octobre 2009

LIZARD - Free song for biologists !!

the lizard song is HERE



Autotomie : mutilation réflexe en cas de danger ou de régénération ; illustré chez le lézard ou la salamandre. L’art ne peut conserver son autonomie que s’il opère le sacrifice de l’œuvre, attendu que ce sacrifice appelle une nouvelle œuvre, et ce indéfiniment, comme l’infinité, l’inachèvement qu’implique le désœuvrement. L’autonomie de l’art est une autotomie. Il se mutile de l’œuvre pour se maintenir comme art, en même temps que cette mutilation entraîne une nouvelle œuvre qui repousse derrière l’autre, qui n’est plus qu’un fragment. Un fragment n’a pas de sens en lui-même, ni pour lui-même, ni renvoyant à un système, mais comme simple trace laissée d’un flot qui n’est certainement pas la pensée. Un fragment c’est une écaille, ou un lot d’écailles, abandonnés sous la forme d’une patte, d’une queue, d’une mue. Les soubresauts après mutilation sont encore un réflexe. Le corps n’est pas fait de besoins, mais d’écailles et de réflexes. Le besoin n’existe pas, ni pour nous, ni pour les animaux. Seuls existent la chaleur du soleil dont s’abreuve le sang froid, puis le danger, la fuite et la mutilation. Le corps est une fêlure qui lézarde le monde, fêlure reptilienne déclinant son mouvement comme informité et infirmité. Le corps n’a pas de besoin, ne connaît pas de lutte ni d’oppression. Son seul enjeu est l’entièreté.


G D

lundi 31 août 2009

PNEUMATIQUE





L’homme, de sapiens, n’a toujours que plus tendu vers l’homo volans. De tout ce qui l’entourait, il a tout extrait de l’immanence où cela se trouvait pour l’envoyer comme une pierre, décrivant une courbe qu’il a voulue parabolique, dans l’espace à trois dimensions. Et de la même façon qu’il a sorti les divinités de la terre pour les projeter dans le bleu du ciel, il a creusé jusqu’à découvrir les minerais qui donneront bientôt l’acier d’immenses caravelles volantes. Mais il a encore l’instinct de communiquer – et si aujourd’hui ses messages et ses mots volètent autour de lui comme autant d’ondes cancérigènes, qui ne semblent pas combler outre mesure le vide qui l’environne, une fois de plus, ce partage sans limite du vain bouillonnant de la vie, il n’a pu que l’extraire du sol. Contre les messagers, il eut bientôt l’idée d’habiter la ville souterraine de pneumatiques – projection à air comprimé de courriers qui avait l’avantage, en trois syllabes, d’être on ne peut plus rapide. PNEU-MA-TIQUE. Sous ses pieds circulaient ses mots qui faisaient tout l’intangible sol de ses secrets, ses aventures et ses surprises. A la surface, la foule insouciante piétinait en tonnant un flux aveugle de conduits sombres. Le passé et le futur étaient la base du présent, de l’immédiat. Passé et futur nous précédaient sans cesse. Mais il a fallu encore, car le sacré n’était pas assez pur, pas assez bon et parfait, qu’il l’exhume, cet essaim de l’usage, et qu’au pneumatique soit substitué le sms. Passé et futur n’étaient plus la base de rien, il n’y avait plus de base pour tout dire. Ce qui n’allait pas sans être expié, d’une manière ou d’une autre. Peu à peu, le socle du temps laissait place au cancer – cosmococcyque comme dans les romans de Miller. Il fallait que ça dégénère car rien n’avait été engendré pour supporter cette formidable puissance. Il manquait à tout ça – des estomacs.

G D




lundi 24 août 2009