lundi 31 août 2009

PNEUMATIQUE





L’homme, de sapiens, n’a toujours que plus tendu vers l’homo volans. De tout ce qui l’entourait, il a tout extrait de l’immanence où cela se trouvait pour l’envoyer comme une pierre, décrivant une courbe qu’il a voulue parabolique, dans l’espace à trois dimensions. Et de la même façon qu’il a sorti les divinités de la terre pour les projeter dans le bleu du ciel, il a creusé jusqu’à découvrir les minerais qui donneront bientôt l’acier d’immenses caravelles volantes. Mais il a encore l’instinct de communiquer – et si aujourd’hui ses messages et ses mots volètent autour de lui comme autant d’ondes cancérigènes, qui ne semblent pas combler outre mesure le vide qui l’environne, une fois de plus, ce partage sans limite du vain bouillonnant de la vie, il n’a pu que l’extraire du sol. Contre les messagers, il eut bientôt l’idée d’habiter la ville souterraine de pneumatiques – projection à air comprimé de courriers qui avait l’avantage, en trois syllabes, d’être on ne peut plus rapide. PNEU-MA-TIQUE. Sous ses pieds circulaient ses mots qui faisaient tout l’intangible sol de ses secrets, ses aventures et ses surprises. A la surface, la foule insouciante piétinait en tonnant un flux aveugle de conduits sombres. Le passé et le futur étaient la base du présent, de l’immédiat. Passé et futur nous précédaient sans cesse. Mais il a fallu encore, car le sacré n’était pas assez pur, pas assez bon et parfait, qu’il l’exhume, cet essaim de l’usage, et qu’au pneumatique soit substitué le sms. Passé et futur n’étaient plus la base de rien, il n’y avait plus de base pour tout dire. Ce qui n’allait pas sans être expié, d’une manière ou d’une autre. Peu à peu, le socle du temps laissait place au cancer – cosmococcyque comme dans les romans de Miller. Il fallait que ça dégénère car rien n’avait été engendré pour supporter cette formidable puissance. Il manquait à tout ça – des estomacs.

G D




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